CE qui ressort des analyses et des lectures de la loi de finances 2023, c’est qu’au-delà de tous les détails, la pression fiscale est contraignante. Elle est même forte auprès de la classe moyenne, essentiellement les fonctionnaires publics, quel que soit leur statut, mais qui dépendent de leur employeur, à savoir l’Etat. Leur régime d’imposition en mode retenue à la source les étrangle quand on voit le montant du salaire moyen et en même temps la dégradation du pouvoir d’achat.
Sans rentrer dans les détails de cette démarche fiscale pour l’année à venir, il est clair que le gouvernement entend aller jusqu’au bout dans la recherche de fonds et de ressources budgétaires. On n’est pas allé dans une politique d’austérité qui va le plus avec ce que l’on vit comme inflation terrible et récession généralisée, sans oublier un contexte international des plus hostiles en ce moment. On a plutôt privilégié plus d’imposition et de taxation envers tout le monde : entreprises, salariés, particuliers et professions libérales. Cela veut dire que le gouvernement n’a pas cherché à ressusciter des secteurs en plein effondrement mais rentables à terme comme la production de phosphate ou certaines branches d’activité exportatrices, mais a choisi la solution de facilité budgétaire, c’est-à-dire aller grignoter chez tout le monde, quitte à élever cette pression fiscale, ce qui étouffe nettement ces opérateurs. Peut-être qu’on peut comprendre, par souci d’équité fiscale, une imposition plus élevée chez les professions libérales qui ont, des années durant, joui du confort du régime forfaitaire qui ne traduit pas réellement ce qu’ils gagnent et ce qu’ils payent comme impôts. Mais remarquons au passage que presque la moitié des opérateurs économiques évoluent dans l’économie parallèle et que l’Etat se trouve encore incapable de les inclure dans le circuit et de bénéficier de leur fiscalité. Si l’on veut plus de justice fiscale, il ne faudra pas aller uniquement dans le critère des revenus, mais il faudra élargir la base des agents imposables, et là, le secteur parallèle représente un énorme manque à gagner. Pour le moment, 2023 se présente comme un exercice de forte pression fiscale qui peut avoir des effets néfastes sur la croissance en premier lieu.